lundi 9 avril 2018

Ne suis-je pas une femme ? Femmes noires et féminisme, de bell hooks


Auteur.trice.s : bell hooks et Amandine Gay (pour la préface)
Traducteur.trice.s : Olga Potot
Éditeur.trice : Cambourakis
Collection : Sorcières
Pages : 295
Date de parution : 23 septembre 2015
Genre.s : Essai

Synopsis : « Ne suis-je pas une femme ? », telle est la question que Sojourner Truth, ancienne esclave, abolitionniste noire des États-Unis, posa en 1851 lors d’un discours célèbre, interpellant féministes et abolitionnistes sur les diverses oppressions subies par les femmes noires : oppressions de classe, de race, de sexe. Héritière de ce geste, bell hooks décrit dans ce livre devenu un classique les processus de marginalisation des femmes noires et met en critique les féminismes blancs et leur difficulté à prendre en compte les oppressions croisées. Un livre majeur du « black feminism » enfin traduit plus de trente ans après sa parution ; un outil nécessaire pour tous à l’heure où, en France, une nouvelle génération d’afro-féministes prend la parole.

Mon avis : J'avais très envie de découvrir cet ouvrage, ce que j'ai pu faire grâce à la lecture commune du club littéraire féministe Une chambre à nous. En tant que blanche, je ne vis pas le racisme, que je connais très mal, et il me semblait important d'être plus informée afin d'être une meilleure alliée dans la lutte contre le racisme. bell hooks retrace ici le combat des femmes noires face à la double discrimination qu'elles vivent : le sexisme et le racisme. En partant de l'esclavage, pour arriver à l'époque contemporaine, l'autrice évoque la lutte pour la libération noire et les droits des femmes, et comment les femmes noires ont pu être exclues et oubliées dans ces luttes. 

J'ai appris énormément de choses. J'ignorais complètement ce que les racisées avaient pu vivre durant l'esclavage, notamment. J'ai enragé de savoir à quel point les féministes blanches avaient pu exclure du mouvement les femmes noires, alors que le féminisme, c'est se battre pour TOUTES les femmes. 

J'ai par ailleurs apprécié que la traduction - faite par Olga Potot - soit faite de manière inclusive, avec le point médiant (opprimé.e.s) et le pronom neutre iel(s). Contrairement à ce que nous pourrions croire de prime abord, l'écriture inclusive n'est pas illisible et ne m'a absolument pas dérangée (au contraire !) durant ma lecture. 

Ce qui m'a hérissé le poil, c'est plutôt l'oppression que les femmes afro-descendantes vivent encore aujourd'hui, et le rejet des féministes blanches (notamment à l'époque des suffragettes) envers les personnes racisées. Il y avait là une parfaite hypocrisie, puisque ces féministes se battaient en fait uniquement pour les blanches. C'est ainsi que sont nées les groupes de militantes afro-féministes, ou même les groupes de féministes noires lesbiennes. La parole doit être entendue de toutes, et intersectionnalité est primordiale dans cette lutte. 

C'est un essai très intéressant, qui m'a aidée à être plus consciente de certaines choses que je ne vis pas en tant que personne blanche, et du privilège qui m'est accordé avec ma couleur de peau. Je pourrais écrire des lignes sur ce livre, mais je veux surtout vous dire qu'il est indispensable, et qu'il faut absolument le lire. 

17/20

2 commentaires:

  1. bonour Anais
    Hajar parle de bell hooks pour un livre en anglais hélas ....
    ceci dit j'ai lu ne suis je pas une femme , depuis 1970 je suis "branchée" comme on dit Angela Davis puis maya angelou puis Toni Morrison m'ont aidée à tenter de réfléchir d'une autre manière mais je m'égare comme d'hab ;-) ravie de te voir emballée par ce bouquin super chronique
    ensembles ont peu tout (dû moins on essaie c'est mieux que rien ;-)
    belle vie et belle lecture au plaisir

    RépondreSupprimer
  2. J'en prends note, tu m'as intrigué :)

    RépondreSupprimer